vendredi 21 janvier 2011

Seconde tentative...

Voici l'objet de ma seconde tentative dont le sujet est : La Peau.

D'une vie à l'autre

Je vais te raconter mon histoire, toi qui m'accompagne depuis si longtemps. Ma vie commence par une naissance. Mais pas n'importe laquelle : celle de mon porteur. Nous grandîmes ensemble, furent heureux ensemble. Puis vint la fin de notre histoire commune. Nos chemins se séparèrent tandis que nous ne faisions encore qu'apprendre à nous connaitre. Il avait pris soin de moi, d'un bout à l'autre de son existence, car il savait bien que là où j'avais mal, il avait mal.

Ma seconde maison, après l'enclos de la ferme, fut la ferme elle-même. J'y connu des jours heureux mais également beaucoup de jours difficiles. Maintes et maintes fois, je dus faire fi de ma fierté. Tel était le prix à payer pour avoir un toit au dessus de moi et pour ne pas finir aux oubliettes. Mon souvenir de cet abri est un gout de poussière, de semelles et je te dirais même, si je me le permettais, que les poules devraient apprendre à se soulager dehors, uniquement dehors. Ou tout au moins loin de moi. Enfin bon, voilà, la dure loi de la vie à la ferme. Cette part de vie se termina un jour, sans crier gare, par un temps de pluie. Je me souviens de ce jour surtout à cause de la boue, cette boue noire et collante. C'est ce jour là que je changeai de main, de maison. Je ne sais ce que représente ces morceaux de papiers de couleurs mais mon existence en fut changée à cause de ceux-ci (j'avoue que j'hésite encore entre le "à cause" et le "grâce à" et je passe de l'un à l'autre à chaque fois que je raconte mon histoire).

J’arrivai ainsi dans ma troisième maison. Intégré parmi d’autres, dans un silence religieux. Il arrivait parfois qu’une conversation comble le vide, mais je n’eu le droit d’y participer que le jour où mon nouveau propriétaire, recevant un hôte à deux pattes, nous présenta tous, y compris moi, avec un mot que je ne connaissais pas à l’époque : chasse. De ce jour, mes compagnons me firent l’honneur de pouvoir participer à leurs discussions. Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours… Mon droit expira très vite ! En effet, le jour où je leur expliquai, sans savoir que je signais ainsi le début de ma nouvelle phase de solitude, que je venais d’une ferme, ils m’exclurent de leur club sans préavis. J’avoue que je mis quelques jours à comprendre que la ferme n’est pas du tout l’équivalent de la chasse. Ce n’est ni la même vie, ni la même mort. Ce qui me fit me rendre compte de mon erreur, c’est lorsque je m’aperçus (enfin !) que tous ceux qui partageaient cette pièce avec moi étaient… comment dire… partiels ! Tandis que moi, j’étais présent dans mon intégralité ! Je sais bien que c’est la beauté intérieure qui compte mais tout de même… l’aspect extérieur peut aussi donner des indications sur sa vie passée et sa provenance. Et là, c’était tout à fait flagrant… Lorsqu’on y prêtait attention. Bref, à force de devoir faire cavalier seul dans mes discussions philosophiques et mes recherches sur les origines de mes camarades, je finis par avoir l’impression de tourner en rond et mes couleurs finirent par se ternir, sans même que je m’en rende compte. Même la démonstration de mon maitre avec ses appeaux n’y fit apparemment rien. Ce n’est qu’au moment où mon propriétaire me badigeonna d’une espèce de crème ou je ne sais quoi, que je compris que mon apparence laissait vraiment à désirer. Malheureusement, son action n’arrangea rien, au contraire. Je finis par être, certes moins terne, mais également moins touffu, plus gras et, après quelques temps, plus poussiéreux. Ce n’est donc pas dans la joie et la bonne humeur que je vécu mes derniers mois dans cette demeure. Il y eu ensuite, encore une fois, un échange de morceaux de papier de couleur qui précéda mon nouveau départ.

J’avoue que ce départ me fut un peu plus pénible que le premier. En effet, on m’avait roulé pendant le voyage ! Mais je ne m’éterniserai pas sur cet aspect très désagréable. J’arrivai donc dans ma quatrième maison. Très belle propriété je dois dire. Mon séjour débuta par un nettoyage en bonne et due forme. Je me rappelle que cela me fit un bien fou ! J’eus l’impression de respirer à nouveau, de revivre. Je fus ensuite installé dans une pièce agréable, pleine de vie. J’avais toujours chaud et mes périodes de solitude restaient courtes. Mais tout n’était pas rose ! L’ambiance, l’environnement et les murs l’étaient mais à chaque demeure ses désavantages… Je n’étais effectivement pas souvent seul, ce qui m’évitait de déprimer ou de parler à moi même comme cela m’était déjà arrivé dans le passé. Mais la compagnie à laquelle j’avais droit était… comment dire… absolument pas tendre, voire brutale ! Entre les petites voitures, les ballons, les liquides nauséabonds (et je ne parlerai que des liquides), les griffures, les tirages de poils et j’en passe et des meilleurs… Ce ne fut pas une sinécure. Et j’oubliais le pire et le meilleur à la fois : l’espèce de plaque aspirante qui débarrasse effectivement de la poussière et des cochonneries, mais qui passe également beaucoup de temps à arracher les poils ! Et ca fait mal ! Je dois bien l’admettre, cela me donnait l’impression d’être au sommet d’une colline, en plein vent. Cela me renvoyait donc vers l’un de mes bons souvenirs de ma précédente vie. Mais au moins avant, on ne m’arrachait pas les poils ni ne me roulait dessus. Les premiers temps j’arrivais à faire fi de toutes ces maltraitances (le mot est fort, je le reconnais, mais il faut utiliser le bon terme sur ces agissements). Et lorsque, par la force des choses, je pris conscience que je vieillissais beaucoup plus vite que ce que j’aurais pu espérer (et je ne suis pourtant pas d’un naturel optimiste), je pris la décision de me rebeller. J’avais de faibles moyens mais on m’avait prouvé par le passé que si je ternissais, j’étais beaucoup moins entouré et apprécié. Ni une ni deux, sans hésitation aucune (en fait si, une toute petite. J’eus une pensée émue pour le traitement auquel j’avais eu droit la dernière fois. Mais j’effaçai cela d’une pichenaude car en comparaison avec ce que je vivais au quotidien, c’était une broutille), je décidai de tout faire pour ternir. Très vite j’appris qu’être motivé, avoir un but, donnait des couleurs. J’allais donc à contre courant de mon idée initiale. J’étais à la fois horrifié par mon échec cuisant et si rapide mais aussi émerveillé par cette découverte inattendue. En pleine euphorie, je me lançai même le défi d’être plus radieux de jour en jour pour essayer de retrouver mes couleurs d’origine. Ce nouveau but me fit même oublier les maltraitances, c’est dire. La progression fut rapide, au début. Puis le mouvement se ralentit au fur et à mesure que le temps faisait son office. Mais force était de constater qu’à force d’embellir, j’eus de moins en moins droit aux maltraitances. Cela voulait-il dire que les plus beaux étaient épargnés tandis que les plus laids payaient leur laideur ? Il m’arriva de penser que oui. Mais cette généralité me dérangea et je pris parti de penser que j’étais l’exception qui confirme la règle : c’était ainsi moralement moins lourd à porter. De ce jour, je fis des efforts constants pour rester beau et resplendissant afin d’avoir de la compagnie non brutale. J’eus même une fois l’honneur de voir les fesses nues de mon maitre et de sa femme de très très prés… Quel honneur… Même si cela fut fatiguant de fournir ces efforts salvateurs, je passai plusieurs années tranquilles. J’avais la paix ! Mais le sursis n’atteint pas la dizaine d’années. Des cris et des pleurs se firent de plus en plus fréquents. Finalement, je fus embarqué sans crier gare dans une nouvelle maison que mon maitre appela appartement.

C’est ainsi que j’arrivai ici, dans ma cinquième maison à ce jour. Je fus installé au coin du feu. Je passais mes journées seul. Les premiers temps, mon maitre me tint compagnie tous les soirs. Et au fur et à mesure, les soirées à deux s’espacèrent. Puis cela devint des soirées à trois. Lors de ces soirées, je vis un nombre incalculable de paire de fesses, en dehors de celle de mon maitre. Et un jour, mon maitre t’amena à moi. Il t’installa juste à coté de moi, toi mon double, toi ma peau d’amour. Et nous coulons depuis lors des jours heureux, près du feu, et sous le joug régulier d’amants. Comme quoi, on peut être une vieille peau et trouver l’amour.

samedi 1 janvier 2011

Voeux 2011

Bonne et belle
Année nouvelle !
Que 2011 vous soit profitable,
Tout en restant agréable !
Bonheur et Santé !
Que la vie sourit,
A tous mes amis,
Et au monde entier !


Bonne Année 2011 à toutes et tous ! ;)