mardi 11 décembre 2007

Essai 2 - Minus

Comparé à lui je me sentais minable, minus comme aurait dit ma petite sœur. Cet amas de chair, d'os et de bêtise à l'état pur me révoltait. Il n'était que bien peu de choses mais il se pavanait tel un paon, l'air de dire: "Regardez moi je suis le seul, l'unique et personne ne pourra me battre."
Comment pourrais-je un jour espérer fermer le caquet de cette brute épaisse sans cerveau?
Un minus, c'est transparent, c'est malgré tout intelligent et ça ne fait pas de vague. Un minus, on le bouscule sans même s'en rendre compte, on ne lui adresse la parole que pour demander un service du genre: "Dis, toi la! Fais mon devoir de sciences ou je t'explose !". Que répondre à ça quand on est un minus: "Ah ouais?! Ben je voudrais bien voir ça !" ? Non sûrement pas...
Un minus ça répond, en un murmure à peine audible, un petit "d'accord" tout en baissant les yeux et la tête du même coup. Un minus, ça n'a pas le droit d'avoir des amis sauf s'ils sont également des minus et qu'ils n'ont pas peur de faciliter les moqueries... Bah oui quand on est minus, on essaie, à notre grand malheur, de se regrouper pour finalement mieux se faire renverser... Vous connaissez le jeu de quilles?
Et bien pareil mais à la place des quilles vous imaginez les minus, en groupe. Non pas comme des moutons dans le sens ou ils sont bêtes mais plutôt comme des moutons dans le sens où ils sont apeurés par les loups. Oui des loups, affamés, méchants, sans foi ni loi. Prêts à croquer un minus juste pour le plaisir de sentir la peur couler dans les veines de sa victime.
Tout à coup je me sentis trahi. Oui, trahi: par mon propre corps qui ne voulait pas se développer assez pour que je puisse en imposer, par mon esprit ensuite car il ne voulait pas me donner la force d'en imposer malgré mon physique. J'entendais encore la voix de mon psy qui me disait de m'accepter tel que je suis. Mais je ne l'entendis pas longtemps. J'en avais soupé de ces balourds sans cervelles, de ces "acceptes-toi", de ces "il faut que je réagisse" et de ces parents qui n'en voulait qu'a ma faculté d'inventer de nouveaux objets.
Je ne laissai aucun mot, juste mes robots, mes inventions en tout genre et ma chambre bien rangée. Je pris la route. Pas n'importe quelle route: celle de l'espoir et du possible, celle que beaucoup de monde espère croiser un jour, celle de la paix et du bonheur.
Je partis pour le paradis des enfants: mon rêve.
Bonne nuit.